5 days ago
Cancer de la peau : les dermatologues alertent sur « les dérives » du dépistage par IA
Hors de tout cadre médical, des dispositifs reposant sur l'intelligence artificielle sont proposés en libre-service dans des centres commerciaux, des gares ou sur des applications. Une « dérive préoccupante », pour les experts.
Les experts réclament « une régulation immédiate » face à un phénomène en expansion: en pharmacies, dans des centres commerciaux ou via des applications, des dépistages de cancers de la peau « sont proposés (...) sans supervision dermatologique ni validation scientifique », s'inquiète la Société Française de Dermatologie (SFD) dans un communiqué publié jeudi. La SFD alerte notamment sur l'utilisation de l'intelligence artificielle hors de tout cadre médical dans le dépistage des cancers cutanés, et dénonce « des dérives préoccupantes ».
« Le problème, c'est la multiplication d'outils de dépistage de cancers » dont « on ne sait pas exactement comment ils sont gérés », explique à l'AFP le Pr Saskia Oro, présidente de la SFD. Ces dispositifs se présentent comme des cabines, proches de celles utilisées pour des téléconsultations, mais parfois en libre-service.
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Or selon le regroupement de dermatologues, ces dépistages sans supervision peuvent exposer les patients à « de graves risques » : diagnostics erronés, sentiment de fausse sécurité, anxiété inutile en cas de diagnostic sans l'accompagnement d'un professionnel de santé...
« Raisonnement clinique »
« Ce ne sont pas du tout des solutions qui vont permettre de fluidifier le parcours du patient, bien au contraire », affirme le Pr Soro, sur fond de pénurie nationale de dermatologues. Face à l'essor rapide de l'intelligence artificielle, la SFD appelle à un « encadrement éthique et rigoureux », qui passe par l'intégration de toute solution numérique « dans un réseau territorial impliquant des dermatologues » et l'évaluation « de manière indépendante » de tous les dispositifs numériques existants. « Le juste soin dermatologique repose sur un raisonnement clinique, un parcours coordonné et un usage raisonné de la technologie », insiste la SFD.
Début juillet, la société savante avait déjà dénoncé l'impact sur la santé, en particulier des plus jeunes, des fausses informations en dermatologie propagées en ligne. « De fausses promesses de soins, des discours pseudo-scientifiques, des pratiques d'automédications dangereuses : la dermatologie est l'une des disciplines les plus ciblées par la désinformation sur les réseaux sociaux », plaidait-elle. « De nombreuses fausses informations circulent sur les maladies de la peau, leur cause, leur contagiosité ou leur prise en charge, avec un rejet des traitements médicamenteux au profit de solutions naturelles », ajoute le Pr Soro. « Il est urgent que les pouvoirs publics prennent pleinement la mesure de l'impact des réseaux sociaux sur la santé de la peau », insiste la SFD.